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Camille est sur un toit, hésite, et, finalement, saute. On se retrouve alors dans un endroit mystérieux où Soleil et Lune, deux êtres étranges, expliquent à Camille qu'ici arrivent celles et ceux qui sont morts et que de là, on peut voir ce qui se passe ensuite chez ceux qui sont restés, les vivants.
Camille assiste donc, invisible, à l'enquête qui suit et qui va permettre de comprendre, petit à petit ce qui a déclenché ce drame.
Pour traiter de ces sujets sensibles, le suicide et les groupes sectaires, il fallait une approches délicate, poétique. D'autant plus que ce texte a été joué par des adolescents (d'où le fait que la plupart des personnages ne soient pas genrés, afin que les jeunes puissent choisir le rôle de leur choix). Le choix d'avoir un ou une protagoniste qui peut observer ce qui se passe après sa mort permet d'une part de suivre ce qui arrive en ayant de l'empathie pour notre personnage et, d'autre part, d'adoucir l'acte de suicide. On ne voit jamais le chef du groupe, on voit juste les conséquences de ses actes et les manipulations qu'il a faites. Et puis le texte est ponctué par un conte qui vient nous toucher plus inconsciemment , plus symboliquement.
Un texte fort, poignant, humain et sans manichéisme.
4 à 9 femmes et 4 à 9 hommes (13 personnages en tout)
1h20
Extrait 1
Soleil : Il était une fois un Roi et une Reine qui avait sept enfants qu'ils aimaient par dessus tout. Les enfants jouaient souvent dans le grand parc du château. Ils pouvaient aller partout sauf dans la gigantesque forêt qui jouxtait le château.
Lune : Un jour, alors que l’aîné passait non loin de l'orée de cette forêt, il entendit un chant mélodieux :
Chœur : Viens, approche, viens
Ici tu es enfermé
Là tu ne crains rien.
Viens découvrir le monde entier.
Il te suffit de prendre ce chemin ;
Ne dis rien, laisse-toi guider...
(le chant continue une fois pendant le paragraphe suivant, chuchoté)
Soleil : Sans hésiter le garçon s'engagea dans le chemin et rentra dans la forêt. Et il ne reparut jamais.
Lune : Quelques temps plus tard ce fut la sœur cadette qui disparut. Puis son autre sœur. Et ainsi de suite. Si bien qu'au bout de quelques mois, il ne restait plus que les deux derniers, des jumeaux. La fille s'appelait Soleil, car elle était rayonnante...
Soleil : Et le garçon, plus mystérieux, s'appelait Lune.
Lune : La Reine et le Roi étaient inconsolables. Ils firent construire un énorme mur autour du parc.
Soleil : Le seul accès était un portail en bronze avec deux serrures, une en argent et une en or, fermées à triple tour.
Extrait 2
Emmanuelle : J'ai rien dit parce que je voulais pas me faire engueuler. Et quand je suis rentrée à la maison, il était tard. C'est loin la Spirale. Faut bien 3 heures à vélo. Après je suis pas très forte non plus. Mais pas une bille non plus. Bref. Je suis arrivée. Et c'était silencieux. J'avais déjà préparé une excuse pour mon retard. Genre : « J'ai un pneu qu'a crevé. ». Mais pas eu besoin. Maman et Papa étaient dans le salon. Papa était effondré au sol. Il pleurait. C'est la première fois que je vois mon père pleurer. Ça fait bizarre. Maman ne bougeait pas ; presque elle ne clignait pas des yeux. Une statue. C'était beau et effrayant. A la fois. Après quelques minutes ils ont vu que j'étais là. Papa s'est relevé. Maman a bougé, un peu. Ils m'ont demandé de venir. Je suis allé à eux. Ils se sont serrés contre moi. Et ils m'ont dit. Ils m'ont dit pour Camille. Et... Je comprenais plus rien. Je venais de le voir, de lui parler. Et je voulais pas les croire. Je voulais pas et je crois que j'ai fait comme ma mère, monsieur Barrier. Je crois que je suis devenue une statue aussi. Mais à l'intérieur vous savez. Parce que ça fait trop mal en fait. Trop. Et que j'aurais dû, j'aurais pu sauver Camille et que j'ai rien fait. Rien. J'ai rien compris, rien vu. Et si mes parents apprennent ça, ils vont me détester. Et ils auront raison... Mais je... Je devais le dire, vous comprenez ? Je devais le
dire... Parce que... Parce que je suis pas une statue. Pas une statue ! Pas une statue ! Vous comprenez !
Barrier : Je comprends Emmanuelle. Tu as bien fait de m'en parler. Pour l'instant je garde ça pour la commissaire. Ça va faire avancer l'enquête, je suis sûr.
Emmanuelle : Vous croyez ?
Barrier : Certain... Pas de café ?
Emmanuelle : Non merci.
Barrier : T'as tort, ils sont (goûtant)... Dégueulasses, j'avais oublié. J'ai pas appuyé sur le bon bouton. Pas grave. Allons-y... Et puis un truc ! Ça m'étonnerait que tes parents détestent une personne aussi courageuse que toi. Et Camille t'a dit qu'il t'aimait fort. C'est ça qu'il faut que tu gardes. Cette phrase.