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Le Tsar Nicolas II et son épouse reçoivent différents invités pour une grande soirée dans le palais St Alexandre, à Saint-Pétersbourg. Mais des évènements étranges vont se produire et la délicieuse soirée promise se transforme en jeu de massacre. Heureusement Marie Curie, la protégée de la Baronne de Rothschild, va essayer de comprendre ce qui se passe.
Cette comédie qui mélange personnages historiques comme le Tsar et la Tsarine, Marie Curie ou encore, la Baronne de Rothschild, et ceux issus de la littérature fantastique de cette fin de siècle tels une femme invisible, le docteur Jake Hill, des vampires et même Mary Shelley revenue à la vie par le même procédé que celui de son livre, est un hommage aux romans gothiques.
Les personnages féminins sont, en général, assez forts, surtout en comparaison des personnages masculins, plus défaillants. Néanmoins, les rôles sont originaux et assez bien équilibrés. Idéal pour une grande distribution.
11 femmes et 5 hommes
1h45
Extrait 1
Scène 1, Tsar, Tsarine, Grichka et Iléana
Fin de repas entre le Tsar Nicolas II et la Tsarine Alexandra. Chacun est à un bout d'une table immense, avec une tasse de thé. Au milieu un samovar trône. Derrière le Tsar, se trouve son conseiller Grichka et derrière la Tsarine, Iléana, sa servante. Silence assez lourd. On sent une tension quasi palpable. Au bout d'un temps Alexandra fait un léger signe à Iléana. Cette dernière se rapproche. La Tsarine lui dit une phrase à l'oreille. Iléana se redresse, fait une petit révérence à sa maîtresse et traverse la pièce. Arrivée devant le Tsar elle s'incline respectueusement puis...
Iléana : Votre majesté impériale Nicolas II, autocrate et empereur de toutes les Russies, un message de la part de la Tsarine Alexandra, votre épouse : « Nicolas, allez-vous m'ignorer encore longtemps ? »
Elle refait une révérence et retourne à sa place initiale. Le Tsar fait venir Grichka et lui parle à l'oreille. Grichka s'avance à son tour et, devant la Tsarine, se courbe puis...
Grichka : Tsarine Alexandra, un message de la part de sa majesté impériale Nicolas II, autocrate et empereur de toutes les Russies, votre époux : « Mais je ne vous ignore pas du tout chère amie. C'est vous qui me faîtes la tête. »
Grichka revient à sa place après une révérence. Alexandra a envoyé Iléana, après un mot à l'oreille. Le manège reprend.
Iléana : Votre majesté impériale Nicolas II, autocrate et empereur de toutes les Russies, un message de la part de la Tsarine Alexandra, votre épouse : « Je ne vous fais pas la tête Nicolas ; je suis juste chagrinée que vous nous refusiez, à mes amis et moi-même, une visite de Saint-Pétersbourg cette nuit. »
Iléana revient vers Alexandra. Nicolas a fait venir Grichka lui a dit quelque chose à l'oreille. Grichka lui répond à voix basse. Le Tsar réfléchit et répond, à voix basse aussi. Ce manège agace la Tsarine qui renvoie Iléana.
Iléana : Votre majesté impériale Nicolas II, autocrate et empereur de toutes les Russies, un message de la part de la Tsarine Alexandra, votre épouse : « Qu'est-ce que vous marmonnez avec votre conseiller ? »
Idem. Les valets accélèrent insensiblement la cadence d'aller-retour. Peut-être même s'avancent-ils un peu moins et reculent moins loin.
Grichka : Tsarine Alexandra, un message de la part de sa majesté impériale Nicolas II, autocrate et... (Alexandra fait signe à Grichka d'abréger) Et, heu... : « Je suis navré Alexandra mais cela est bien trop risqué avec tous tous ces meurtres de jeunes filles qui sévissent en ce moment. Sans compter les terroristes parlementaristes. Je ne puis sans frémir vous exposer... »
Alexandra a glissé deux phrases à Iléana qui coupe Grichka.
Iléana : « Des prostituées, Nicolas, des filles aux mœurs plus que légères ! Vous n'allez pas nous comparer à ça j'espère ? » C'était un message de la Tsarine Alexandra pour votre majesté impériale Nicolas II...
geste du Tsar. Iléana s'arrête et repart derrière la Tsarine. Nicolas envoie Grichka. Celui-ci fait une petit révérence à Alexandra qui lui fait signe de parler directement.
Grichka : « Non, bien sûr ; cependant je resterai intraitable, je tiens trop à vous Alexandra, surtout dans votre état. Et je vous laisse, pour vos invités et vous même, toute l'aile ouest du palais. »
Iléana : « Je suis touchée Nicolas. »
La Tsarine se lève pour partir, suivie d'Iléana.
Grichka : « Mon oursonne ! »
Nicolas chuchote encore une chose à l'oreille de Grichka.
Grichka : « Alexandra ! »
La Tsarine s'arrête. Dit un mot à l'oreille d'Iléana.
Iléana : « Nicolas ? »
Grichka : « Je vous aime. »
Iléana : « Merci. »
Grichka : « Pourquoi tant de froideur ? »
Iléana : « C'est votre conduite qui m'y oblige. »
Grichka : « M'aimez-vous ? »
Temps pendant lequel la Tsarine réfléchit. Elle glisse enfin une réponse à Iléana.
Iléana : « Malgré tout, oui. »
Grichka : « Mon cœur, mon âme, mon étoile ! »
Iléana : « Mon petit fripon d'amour. »
Grichka : « Je vous laisse. A tout à l'heure ma vie. »
Iléana : « A tout à l'heure grand Loup. »
Extrait 2
Scène 11
Grand salon. Une scène a été prévue. Iléana arrive avec Florence Cook, Watson et Mary Shelley. Elle aide Florence Cook à installer son paravent en fond de scène. Watson et Mary Shelley sont en avant scène.
Watson : C'est très joli ici. J'aime beaucoup. Quelle chance nous avons d'être là, vous ne trouvez pas Mary.
Mary : Percy aurait voulu venir sans aucun doute.
Et combien de poèmes épiques et fabuleux
Il aurait arraché en suant sous ses voûtes,
A ses fines pensées et esprit merveilleux.
Watson : J'ai l'impression que vous êtes plus gaie qu'à Londres, n'est-ce pas ?
Mary : Sûrement, je ne sais pas. Je ne sais plus. Plus grand chose. Chose étrange. Étrange comme cette nuit, nuit affreuse, affreuse comme la pluie, cette pluie douloureuse. Douloureuse comme la vie, la vie qui coule dans ces bras, ces bras sans plus d'envie, envie de se jeter en bas...
Watson : Ou pas... Mary il nous faut trouver des poèmes ou des vers pour tout à l'heure. Peut-être pas des poèmes de Percy. Peut-être d'autres, pour changer un peu.
Mary : Changer ?
Watson : Oui !
Mary : « La mort fervente » d'Anna de Noailles ?
Watson : Bof.
Mary : « A la mère de l'enfant mort » de Victor Hugo ?
Watson : Vous auriez quelque chose de plus gai ?
Mary : « La mort Joyeuse » de Charles Baudelaire.
Watson : Ces français sont d'un sinistre, revenons chez les anglais, plus civilisés.
Mary : « The dead man walking » de Thomas Hardy.
Watson : Bon, pas un poème alors, un extrait de pièce ?
Mary : Ah... Hamlet, to be or not to be ?
Watson : Un bon monologue sur le suicide, ça nous éloigne de votre sujet habituel ça...
Mary : Comment ?
Watson : Rien, je plaisantais. Bon et bien revenons à feu votre mari alors.
Mary : Percy ?
Watson : Oui.
Mary : Ozymandias ?
Watson : très bien Mary. Ca sera toujours plus positif que les titres d'avant.